Une forte envie de hurler

Un jour aprèes l'autre, la valse du temps suivait son cours éternel. Liane avait déja su la danser, mais elle avait oublié quand... elle avait dû aller s'exiler dans cette chaumière perdue dans un endroit dont elle ignorait le nom. Pas de loyer pour les lieux annonymes, mais l'école n'était certes pas gratuite. Aussi se voyait-elle forcée de se déguiser en petite serveuse de cantine, ou elle recevait régulièrement des commentaires vulgaires et ou elle était obligée de se contrôler pour ne pas Dessiner quand certains clients se montraient particulièrement détestables. Comme a l'instant même.

-Pardon, monsieur, mais vous avez bel et bien commandé ce plat.

Le client, rouge d'avoir trop bu, laissa échapper un hoquet avant de dire d'une voix pâteuse qu'elle n'avait qu'a se débrouiller pour trouver sa commande.

Liane soupira. L'exaspération qu'elle avait accumulée toute la journée durant n'allait certainement pas s'arranger de cette façon. Avisant un client qui venait d'arriver, elle laissa la son monsieur qui marmonnait dans sa barbe contre l'incompétence des serveuses de restaurant.

-Bonjour, que puis-je vous servir? lâcha-t-elle a l'adresse du nouveau venu en essayant de contenir sa rage.

Liane soupira discrètement. Au moins une qui n'était pas complètement détestable, peut-être sa soirée se terminerait-elle passablement bien, pour changer. La jeune femme était épuisée, vêtue d'habits tout aussi fatigués. Pas une cliente trop inhabituelle, mais intriguante tout de même. Peut-être cette espèce d'aura de pouvoir qu'une grande habileté pouvait parfois conférer.

-De quoi manger et boire. Ils sont en forme ce soir, je vous plains jeune demoiselle, je vous plains...

-Ah! Ne m'en parlez pas... fit-elle avec une pointe de lassitude s'ajoutant à celle de la rage. Aujourd'hui, c'est une journée comme tant d'autres auparavant et comme je m'attends à en voir encore plusieurs...

En priant pour ne pas se faire à nouveau dire qu'elle s'était trompée de commande, elle ajouta:

- Alors, manger et boire? Je vous apporte ça tout de suite...

Elle fila vers les cuisines avec son plateau encore plein dans les mains.

L'expression de la serveuse se radoucit, et elle lui répondit avec lassitude avant de s'en aller précipitement vers les cuisines:

- Ah! Ne m'en parlez pas... Aujourd'hui, c'est une journée comme tant d'autres auparavant et comme je m'attends à en voir encore plusieurs... Alors, manger et boire? Je vous apporte ça tout de suite...

Etla se mit à sourire. Finalement cette soirée ne serait peut-être pas si détestable que ça. La porte de l'auberge s'ouvrit brusquement, un groupe d'ivrognes en quèète d'alcool entra. apparement les nouveaux venus n'avaient pas que des amis dans le lieu car une minute plus tard une bagarre générale éclatait. Le sourire de la marchombre s'agrandit encore jusqu'au rire. C'est vrai qu'ils étaient comiques ces poivrots maladroits et trop surs d'eux qui vociféraient en donnant des coups dans tous les sens autans aux alliés qu'aux ennemis.
Un gros puant s'approcha d'elle avec un air qui se voulait menaçant. Il agitait devant lui un poignard d'une trentaine de centimètres, et lança une fois à coté de la marchombre, hilare.

- Fini de rigoler ma belle. La bourse ou la vie!

- Cause toujours tu m'interresse. Avance encore d'un pas et je t'égorge.

En entendant l'agitation d'une bagarre, elle revint aussi sec avec la commande de la jeune femme en main. Elle déposa le plateau sur une table et s'interposa entre un gros homme rougeaud et la cliente qui sifflait :

- Cause toujours, tu m'intéresse. Avance encore d'un pas et je t'égorge.

-Eh oh! On se calme, ici! Si monsieur est trop saoul pour se conduire correctement, il est prié de sortir au plus vite.

Voyant que l'homme protestait en vociférant, brandissant son couteau vers la cliente en incitant Liane à lui montrer comment elle comptait lui faire quitter les lieux, elle sourit. Elle avait enfin une bonne occasion de se défouler.

-Très bien, en ce cas je vais être contrainte de vous faire sortir moi-même...

Bien que son Don fut encore trop instable pour qu'elle arrive à faire apparaître ce qu'elle voulait à tout coup, elle était si énervée qu'elle ne douta pas un instant qu'elle réussirait. Et en effet, le poing à ressort qu'elle imaginait propulsa l'homme dehors. Elle replaça une mèche de ses cheveux avant de se retourner, triomphante, vers les autres clients, comme pour dire : "Alors, qui est le prochain?"

Avant que l'imbecile n'ai le temps de répliquer, ou même d'avancer, la jeune serveuse rapliqua et se plaça face lui, les yeux remplis de colère. Un instant plus tard, un énorme poing à ressort surgissait et assomait l'ivrogne qui n'avait pas vu venir le coup, en même temps, ça aurait été difficile de le voir venir...

- Alors, qui est le prochain?

Une dessinatrice? Mais qu'est-ce qu'elle fichait dans un trou pareil? Décidement, cette petite lui plaisait de plus en plus. En attendant, Etla avait toujours faim, son ventre gargouillant était là pour le lui rappeler. Elle attrappa donc l'appetissant ragout qui n'attendait plus qu'elle des mains de la serveuse avant qu'elle ne parte à l'assaut de la bande de dégénérés. Ce serait pêcher que de laisser refroidir un tel festin (on comprendra qu'Etla avait vraiment très faim) ! Elle se jetta litteralement sur la nourriture, oubliant pendant quelques instants le monde qui l'entourait, la bagarre, la petite jeunette qui avait litteralement promis à l'assistance que, au premier pet de travers elle les mettaient en bouille...
Aille.

- Finalement, c'était pas aussi bon que ça!

Soupira la marchombre en repoussant son assiette vide, après quelques minutes "d'avalage intensif". Maintenant repue, elle pouvait enfin regarder autour d'elle, histoire de savori comment la bagarre c'était terminé. On peut dire que la petite dessinatrice c'était bien débrouillée, il ne restait dans l'auberge que deux ou trois ivrognes ronflants sur les tables, et elle. Le regard de la marchombre glissa alors sur la gauche pour rencontrer celui de la serveuse, assise à une table non loin de là, elle semblait épuisée. *... L'émotion, ça creuse ...*
Soudain, Etla se leva, et s'avança vers elle, avant de s'assoir à sa table, délaissant les restes de son festin. Elle lança:

- Une dessinatrice, pas vrai? Je me demande ce que tu fou ici...

Elle resta dans un état de morosité endormie encore quelques minutes avant que la jeune femme vienne s'asseoir à sa table, laissant son assiette vide derrière.

- Une dessinatrice, pas vrai? Je me demande ce que tu fous ici...

Il lui fallut un moment avant qu'elle assimile finalement l'information. Aille. Évidemment, elle n'avait pas été un modèle de discrétion... Maintenant que le mal était fait, aussi bien répondre.

-C'est vrai que ce n'est pas un endroit où la culture règne en maître, ici... Ça ne fait pas si longtemps que j'ai la... chance de travailler dans ce trou.

Levant la tête, elle fixa la jeune inconnue.

-Liane, enchantée. Et vous...?

Après quelques instants de reflexion, la dessinatrice lui répondit:

-C'est vrai que ce n'est pas un endroit où la culture règne en maître, ici... Ça ne fait pas si longtemps que j'ai la... chance de travailler dans ce trou. Liane, enchantée. Et vous...?

- Etla...

La marchombre entendit alors un bruit venir des cuisines, elle sourit en voyant le tenancier ventripotant débarquer et avancer vers Liane d'un pas lourd et maladroit. La jeune femme donna un petit coup sur l'épaule de la dessinatrice afin qu'elle se tourne dans la bonne direction, avant de lui souffler:

- Bonne chance...

Elle hocha la tête en direction de la dénommée Etla lorsque celle-ci se présenta. Puis, Etla la prit par l'épaule, la faisant sursauter légèrement... Jusqu'à ce qu'elle voie où l'autre voulait en venir. Le patron... Elle se mordit imperceptiblement la lèvre. Elle allait y goûter...

-Bonne chance...

Elle se releva et fit face à celui qui était à l'image des gens qu'il accueillait. Il était stupéfait et furieux d'avoir perdu sa clientèle, comme on pouvait s'y attendre. Elle se contenta d'un poli :

-Y a-t-il un problème, monsieur?

Elle s'amusa de le voir siffler comme une bouilloire pendant un moment, puis lâcha calmement :

-Je crois que vous n'avez plus besoin de moi ce soir... Je m'en vais donc.

Le sourire accroché aux lèvres, elle rangea son tablier et sortit, non sans un regard vers la jeune femme toujours à sa table et au gros fulminant.